Des chiffres de la répression policière à Sainte-Soline
300 grenades explosives en 2 heures
D’après le ministre de l’Intérieur sur BFM, 260 GM2L ont été lancées ce samedi. Une répression policière jamais observée en si peu de temps (2h00). S’y ajoutent, selon le rapport du ministère de l’Intérieur, 40 « dispositifs déflagrants ASSR ». Ces grenades, en fait appelées « ASSD » sont des armes proches de la GM2L au point que l’habilitation est la même pour les deux armes. Les GM2L sont des grenades dites « assourdissantes », proches des GLIF4, connues pour avoir mutilé de nombreuses personnes, dont Alban*, qui a eu la main arrachée à Redon en juin 2021. Rémi Fraisse lui, avait été tué par une grenade OF, elle-même l’ancêtre de la GLIF4.
Les affrontements ont eu lieu en deux phases. La première, la plus intensive, a duré environ 1h35, de 12h35 à 14h10. Après une pause et un « repli de l’adversaire », selon le langage militaire, une seconde séquence a eu lieu, plus courte et moins intense : de 15h10 à 15h35 environ, soit 25 minutes. Au total, les tirs se sont concentrés sur ces seules deux heures.
Presque 1 grenade lacrymo à la seconde
Environ 4800 tirs, si l’on en croit le rapport publié par le ministère de l’Intérieur (chiffre officiel de 5015 « grenades lacrymogènes », ôté des 260 GM2L qui sont à la fois lacrymogènes et assourdissantes). 40 grenades par minute, soit une toutes les 1,5 secondes et 81 tirs de LBD dont deux tirs depuis les quads
En compilant toutes ces données, il est très difficile d’établir un bilan chiffré complet des victimes de violences policières de Sainte-Soline. Nous pouvons néanmoins recenser et évaluer:
- 2 victimes qui ont vu leur pronostic vital engagé, Mickaël et Serge. Ce dernier est toujours en rééducation, et souffre d’ores et déjà de séquelles permanentes (perte d’audition d’un côté).
- une victime avec une blessure très grave au visage (multiples fractures) entraînant une paralysie faciale
- une victime avec une très grave blessure (fracas osseux) au pied engageant son pronostic fonctionnel
- deux victimes anonymes ayant été éborgnées
- une victime anonyme avec arrachement du nez
- au moins cinq victimes avec des fractures
- au moins une quinzaine de plaies délabrantes
- des dizaines de plaies, hématomes et brûlures
- probablement des dizaines de chocs acoustiques, entraînant dans certains cas une perte irréversible d’audition…
Pour un total d’au moins 200 personnes blessées avec des blessures physiques dont au moins 36 hospitalisées, sans compter des dizaines d’atteintes psychologiques, dont il est difficile d’évaluer les conséquences, mais qui ont parfois nécessité des arrêts de travail (cf. témoignages).
Si les témoignages que nous avons recueillis sont parcellaires, ils indiquent une très grande violence des forces de l’ordre, entraînant plus de 200 blessé.e.s, dont des dizaines de blessé.e.s graves, parfois avec des mutilations ou des atteintes définitives, ainsi que des dizaines de personnes affectées psychologiquement, parfois gravement. Il nous paraît également clair que la force a été exercée de manière totalement disproportionnée et indiscriminée, y compris sur des blessé.e.s à terre. Nous notons la dangerosité des armes utilisées par la gendarmerie, ainsi que de nombreuses entraves à la réglementation dans leur utilisation.Enfin, les témoins relatent une entrave aux secours injustifiée au regard de la situation, mettant gravement en danger les personnes.