Le collectif

Suite à la mobilisation de Sainte-Soline, le weekend du 25 mars 2023, des milliers de militant.es se sont rendus compte qu’ils avaient été victimes d’une violente et brutale offensive militaire. Derrière la déshumanisation entamée après la première mobilisation de sainte-soline de fin octobre 2022 par le ministre de l’intérieur, qualifiant les militant.es pour la défense du vivant d’ « écoterroristes », se cachait une vraie volonté d’anéantir l’espoir suscité par les militants anti-bassines. Si la violence des autorités a été digne de celle d’un pays du tiers-monde, le récit médiatique qui a été fait avant, pendant, et après la mobilisation a accentué le sentiment d’injustice ressentis par les militant.es. Car sur place, il semble assez évident qu’à travers l’utilisation d’autant de grenades, de quads, de marqueurs codants, de grenades explosives en si grande quantité, l’Etat voulait faire démonstration de son art de la guerre : prendre l’ « adversaire » par surprise, le terroriser et le mettre dans un état de sidération. C’est dans ce contexte que notre collectif est né. Il semble en effet impératif de visibiliser le récit de celles et ceux qui étaient sur place et qui ont dût subir les expérimentations autoritaires d’un pouvoir qui a décidé de terrifier des militant.es et les amener à renoncer.

Le bilan ? des centaines de blessé.es, au moins 36 personnes envoyés à l’hôpital, deux personnes dans le coma, et des milliers d’autres, marqués à vie par ces visions d’horreur. Beaucoup de militant.es sont rentrés chez eux et, voyant les médias reprendre la propagande mensongère de Darmanin, se sont rendus compte que le système avait décidé d’aller écraser autant physiquement, que psychiquement les militant.es pendant et après la mobilisation. Il nous semblait impossible de laisser se faire cette manoeuvre grossière. Suite à ces évènements beaucoup de personnes ont témoigné être choquées de ce qu’il s’était passé, certaines d’entre elles souhaitaient témoigner sans forcément passer par la plainte ou par une saisine individuelle de la défenseure des droits. Un collectif s’est alors monté pour recueillir les témoignages des personnes qui souhaitaient parler de ce qu’elles avaient vu ou subit ce jour-là. C’est ainsi qu’un appel à témoignage a été lancé les jours suivant le 25 mars 2023.

Nous avons récolté 72 témoignages de manifestant.e.s du 25 mars, certain.e.s via un formulaire partagé sur les réseaux sociaux, d’autres directement via mail à l’adresse : temoignages-25mars@riseup.net.
Nous avons divisé les témoignages en deux : d’une part les blessé.e.s (42), et d’autre part, les témoins (30). A l’usage, cette distinction a néanmoins révélé ses limites. En effet, les « témoins » témoignent fréquemment de traumatismes psychologiques, ce qui peut être considéré comme une blessure, ou au moins une atteinte à leur intégrité. Par ailleurs, ces témoignages ne sont évidemment pas exhaustifs et ne reflètent qu’une petite partie des personnes qui ont été atteintes dans leur chair ou dans leur esprit par la violence policière à Sainte-Soline.

Ainsi, en tout, 72 manifestants ont déposé mardi 5 décembre 2023 une saisine collective auprès de la Défenseure des droits et espèrent faire avancer la réglementation quant à la gestion du maintien de l’ordre en France. Ces manifestant.es ne se réclament d’aucune organisation particulière. Ce sont simplement des personnes ayant été victimes de la répression policière à Sainte-Soline, que ce soit en étant blessé.es, en étant observateur.ices des violences perpétrées par les forces de l’ordre ou bien ayant ressentis un stress post-traumatique à la suite de la mobilisation. Cette saisine peut permettre le déclenchement d’une enquête par les bureaux de la Défenseure des droits. Nous espérons que cette saisine permettra d’aboutir à un rapport afin d’émettre des préconisations sur les conditions du maintien de l’ordre en France. Juste après la mobilisation de Sainte-Soline, fin mars, la Défenseure des droits, Claire Hédon, s’était déjà saisie du cas des deux manifestants grièvement blessés, Serge et Mickael.

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